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Réseaux sociaux : Gestion de com' ou de com'pétences ?

Ce qui est formidable avec les réseaux sociaux, c'est que l'on peut concrétiser les prévisions d'Andy Warhol "A l'avenir, chacun aura son quart d'heure de célébrité mondiale" ou encore "avant les médias, il y avait une limite physique à l'espace qu'une personne pouvait occuper toute seule". Ce sont leurs caractéristiques intrinsèques qui font des réseaux sociaux des médias.

 

Ramené au secteur du recrutement, si je crois à l'implosion prochaine des "codes" classiques, il s'agit tout de même de se poser quelques questions.

 

De nombreux blogueurs ou journalistes spécialisés mettent en avant le fait que les traditionnels CV sont beaucoup plus falsifiés que les profils sociaux; que ces derniers permettent de mettre en exergue des qualités beaucoup plus facilement; bref, les réseaux sociaux sont une mine d'informations bien plus large que le CV et permettent d'affiner toutes les connaissances du candidat, et de sa personne.

 

Il y a juste un bémol à mon sens à ajouter à ce vent d'optimisme. Le candidat a lui aussi intégré que le réseau social est non seulement un moyen d'expression, mais également un outil de communication. Mettre en avant ses compétences c'est bien, gérer la communication de ses compétences, c'est mieux. On pourrait alors entrevoir que le tout com' puisse aussi nuire à l'expression de la réalité du candidat. A l'instar de telle vedette ou de telle célébrité, il y aurait la face publique, celle que l'on exprime sur les réseaux sociaux, et la face cachée, plus proche de la réalité, qui va être celle par laquelle on est dominé, et qui va s'exprimer au travail.

 

Je suis toujours très surpris de voir la capacité de certains profils Linkedin ou viadeo à rédiger, que dis-je, pondre des articles à raison de deux ou trois par jour, en leur nom. Ces articles sont toujours bien documentés et argumentés. Bref, de véritables articles de journalistes. Un journaliste ou un blogueur professionnel peut écrire un article tous les deux ou trois jours, voire quelques brèves quotidiennes. Notre profil présenterait donc des capacités rédactionnelles hors du commun et surtout des idées à revendre ! La réalité est probablement que tous ces articles ont tout simplement été "pompés". Rien n'empêche en effet d'aller chercher un article sur The Times of India ou the Korea Herald, et de s'inspirer largement du travail réalisé par d'autres (quand il ne s'agit pas d'une simple traduction littérale).

 

A ce niveau la tromperie est évidente, et, selon moi, bien plus pernicieuse. Même si la personnalité réelle d'un candidat se révélera rapidement dans le day-to-day business, il n'empêche que celui qui aura "soulevé la coupe", qui sera en place, qui touchera le salaire en fin de mois, c'est celui-là, celui qui nous a trompé sur ce qu'il est réellement. Va-t-on ré-enclencher un process de recrutement ? Va-t-on laisser passer un peu de temps pour voir si finalement notre nouveau collaborateur n'est pas tel qu'il se présentait sur son profil Linkedin ? Le doute ne profite-t-il pas à "l'accusé" ? Si. En attendant, le numéro 2 ou 3 que nous avions sélectionné mais qui était moins "communicant", lui, est le bec dans l'eau... Question de sélection naturelle me direz-vous... Oui, j'admets. Quoique... Celui dont j'avais réellement besoin, c'était pas Vendetta, mais Marcel Chombier. Mais j'ai été séduit par le premier qui par son éclat a rendu le second terne (je me demande soudain en écrivant ces mots si mentionner "l'éclat" de Vendetta est un bon exemple ?).

 

En gérant sa com', soit pour assouvir un désir de visibilité, d'influence ou d'amélioration de son score Klout, on arrive finalement à l'opposé de l'information, car on est dans l'information contrôlée, voire manipulatrice.

 

Je ne dis pas que cela est mal, car finalement, cela restera plus malin que celui qui crée un profil sur un réseau social en n'y mettant que deux lignes, et qui laisse supposer qu'il n'en a pas compris le fonctionnement... Je trouve cela plus pernicieux, car d'une certaine manière, on quitte la logique d'établir des relations avec d'autres personnes pour accentuer la délivrance d'un message à une audience. En tant que recruteur, il faut alors savoir de quoi on a réellement besoin.

 

En conséquence, toujours ramené à la sphère du recrutement, je pense qu'il faut lire le profil social avec les yeux de celui qui sait qu'il peut être manipulé. La gestion des com'pétences est au coeur du profil social. Quand c'est bien fait et que cela représente une réalité, c'est imparable, mais il existe, dans ce domaine, autant que sur les CV, des gens dont le principal talent va être de gommer leur naturel et leurs défauts pour vendre des compétences qu'ils n'ont certainement pas, puisqu'ils en sont finalement réduits à tricher.

 

Jérôme Nessi

Fondateur SUPLINKS



20/06/2012
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