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Gestion du stress, maîtrise de soi, rapidité d'adaptation et de réaction... Pourquoi les cadres s'orientent-ils de plus en plus vers les sports de combat ?

"Eviter le burnout"... Si la proposition semble découler d'une évidence, peu nombreuses sont encore les entreprises qui en ont conscience. Un cadre, ou tout autre salarié d'ailleurs, soumis à 

une trop forte pression de sa hiérarchie, va finalement coûter plus cher à la société par sa future absence ou son départ et les coûts induits (remplacement, historique et connaissance des dossiers, relations clients....). Le plus paradoxal, c'est que ce ne sont pas les DRH ou dirigeants qui ont conscience de cet état de fait mais plus souvent le salarié lui même, en raison de l'application du simple principe "qui veut voyager loin ménage sa monture".

 

 Depuis une vingtaine d'années, l'apport du sport dans l'organisation d'une semaine de travail n'est plus à démontrer. Les DRH peinant à faire leur travail, on assiste à l'émergence de "coachs" (vocabulaire directement tiré du jargon sportif) pour "driver" les salariés (qui ne sont pourtant pas des bêtes de somme (encore que, dans certains cas...). Rappelons que dans les pays anglo-saxons (c'est flagrant en Australie notamment), il est fréquent d'être poussé dehors à partir d'une certaine heure en considérant que si vous n'avez pas d'exutoire pour la pression accumulée lors de l'exercice de votre profession, votre équilibre psychologique sera menacé. En France, où la règle non écrite du présentéisme fait encore fureur, nombre de PME ont encore des difficultés à concevoir ce qui pourtant semble se présenter comme une évidence. 

 

 Si l'on regarde le pur aspect managérial : passé l'instant "glorifiant" d'avoir le sentiment d'exercer un contrôle sur des personnes, qu'est-ce que le management ? Je passe sous silence les poncifs enseignés dans nos meilleures écoles ("méthodes permettant de mobiliser son équipe en vue de converger vers l'efficacité maximale à déployer pour l'atteinte des objectifs communs et bénéfiques à l'entreprise"...  nous retiendrons cette excellente définition sous l'appellation "bullshit"). Au quotidien, "dans la vraie vie", le management reste essentiellement un arbitrage digne de celui d'un bureau des

pleurs.

Le cadre censé manager va tantôt être un tampon collectant l'agressivité des parties en présence, tantôt afficher la posture "maître d'école" autocratique générant très souvent des diktats sujets à l'incompréhension, l'inimitié, les jalousies, les rancoeurs. Et oui ! Ici on a à faire à de l'humain avec des adjectifs qualifiant des humeurs du domaine du psychologique. Il va sans dire que dans tous les cas, répondre par l'agressivité constitue la plus mauvaise des solutions...
 
Tout comme dans les sports de combat, il faut savoir esquiver, parfois donner des coups, parfois encaisser, et il faut aussi savoir analyser rapidement un adversaire ou un partenaire selon les cas (salarié, fournisseur, client). Comme dans un sport de combat, il faut rester lucide même si l'on est sonné (démission surprise) pour être en mesure de contre-attaquer rapidement ou tout simplement pour conserver le coup d'oeil et apercevoir la faille ou plutôt l'ouverture rapidement. Tout comme au Krav Maga, il faut aussi être en capacité de mesurer rapidement la proportionnalité de la réponse à donner à une attaque.
Au delà des postures, ces attitudes peuvent devenir naturelles pour peu que, dans la vraie vie (l'entreprise ne représentant bien entendu pas la vraie vie, sauf pour quelques malheureux !) on puisse avoir un moyen de ne pas subir la pression. Il faut donc une soupape de sécurité. Si tous les sports sont bien entendu adaptés, les sports de combat et cardios présentent cet avantage d'extérioriser physiquement (coup dans un sac, combat contre un partenaire, placage au rugby, fréquence des mouvements en cardio).
En évacuant la tension accumulée, il se passe deux choses principales : 
1/ on sauve son couple et sa famille, qui peuvent également être catalyseurs de tensions;
2/ plus sérieusement l'effet physiologique de fatigue et de création d'endorphines joue à terme un effet apaisant. Le sommeil devient réellement réparateur. Bien reposée et dispose, la personne attaque une nouvelle journée dans de bonnes conditions, sans ajouter de l'irritabilité et des sautes d'humeur à son comportement. Au Krav Maga, on dirait que cette personne va être à même de maîtriser son stress et ses émotions (sources de pollution pour notre comportement). Notre manager renforce (car moins tendu) cette capacité à devenir diplomate et à rester calme sous l'effet d'une agression. Comme un pratiquant d'arts martiaux et de sports de combat, passé un certain niveau, il sait qu'il n'a rien à se prouver en s'aventurant sur le terrain de la confrontation violente. Si dans la vraie vie l'agression peut être physique, dans l'entreprise elle peut être verbale et conduire à des attitudes inappropriées.
Les sports quels qu'ils soient recèlent des bienfaits qui sont directement applicables dans les entreprises : prenons l'exemple de la coordination : apprendre à coordonner son corps, grâce à l'entrainement régulier, génère également un travail sur son esprit, qui par ricochet permettra de mieux coordonner ses actions, et notamment dans l'exercice de sa profession. L'analyse (un schéma tactique en sport collectif, un adversaire en sport individuel) va permettre d'améliorer la faculté d'esprit d'analyse global, ou du moins, cela va y concourir. Reposé, organisé, plus analytique, le manager va aussi accroître sa faculté d'écoute, ce qui va être immédiatement perçu par ses subalternes comme étant positif : le bon management résulte pour les subalternes (et la hiérarchie) dans la capacité à percevoir et analyser un problème, puis d'y apporter une action corrective cohérente.
La vision de personnes en sang dans une cage, sur un ring ou sur un terrain, peut parfois conduire à raccourcir l'analyse de certains sports de combat  et à les considérer comme peu intelligents et sans aucun intérêt. Or il y a toujours une dimension stratégique dans un sport de combat. La stratégie ! Autre grand concept défini dans les écoles ! Dans les années 80, on s'appuyait sur la stratégie militaire (Sun Tzu, Clausewitz...) en criant au génie de leur application au monde de l'entreprise.
 
Si les sports de combat bénéficient d'une curiosité croissante de la part des cadres et des professions à forte pression, c'est que leur entrainement régulier permet de constater des applications directes et utiles pour améliorer son rapport à l'autre au quotidien. Un professeur enseignant dans un quartier difficile aura un comportement d'autant plus adapté face à des élèves agressifs. Un salarié subissant un "petit chef" tyrannique de même... Un cadre recevant des objectifs irréalisables ne sera pas en proie à la panique et pourra adopter une attitude de réponse organisée. Dans un monde où tout va toujours plus vite, les sports de combats et la nécessaire rapidité d'analyse (car la sanction peut également être rapide, et contrairement au monde de l'entreprise, on la ressent physiquement !), semblent tout à fait adaptés. Et c'est bien l'entrainement qui va permettre de développer et d'accroître ces facultés.
 
Je n'ai pas voulu mettre en exergue de sports spécifiques, tout simplement parce que je suis convaincu que chacun peut trouver dans un sport un moyen d'atteindre cet état d'harmonie, ou plutôt de "meilleur-être". Le rugby, qui reste pour moi le sport de combat (si si, c'est un sport de combat et pas seulement de contacts !)  le plus adapté véhicule bien d'autres valeurs utiles en entreprise, et parce qu'il représente, une symbolisation de la guerre dans un monde en paix (on parle d'occupation de terrain, de combat, de forces en présence au niveau des packs, de pénétration en territoire adverse, de défense...). Cela dit, le côté ultra violent du rugby (ceux qui ont pratiqué savent bien que c'est un sport de combat total, bien plus violent que tous les arts martiaux ou sports de combat) fait qu'il n'est pas forcément praticable pour tous à tout moment de la vie avec l'engagement et la détermination nécessaire, au contraire des arts martiaux asiatiques par exemple.
Le principal reste donc bien que chacun trouve le sport qui lui convienne : le marathon pour certains, le football, les sports de raquettes ou de combat pour d'autres... Peu importe. Mais l'exutoire à la tension ne peut pas être la lecture, les échecs ou le cinéma. Il s'agit forcément d'une activité physique donnant l'impression de faire sortir quelque chose de son corps (par la transpiration, par la puissance donnée dans un coup...). Cet équilibre est bien nécessaire. La confiance en soi que procurent en outre les sports de combat peut enfin justifier de l'engouement actuel auprès des cadres, des avocats, des consultants, qu'ils soient hommes ou femmes.
 
Auparavant ces sports semblaient attirer plus de métiers manuels "qu'intellectuels". C'est aussi une façon d'apprendre à respecter l'autre que de se rendre compte qu'il y a peut être nombre de paramètres "intelligents" à intégrer. Apprendre à subir des assauts et donner des coups devrait être enseigné dans les écoles de commerce. Les entrepreneurs devraient tous pratiquer un sport de combat puisque leur combat est quotidien... Et puis combattre sur un ring ou sur un terrain de sport a également une autre vertu sociale : ce sont rarement ceux-là qui combattent en dehors...


29/10/2012
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