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Le courage : un trait de caractère qui n'intéresse pas les recruteurs...

"Le courage est la première des qualités humaines car elle garantit toutes les autres".

 

 

 

Cette phrase d'Aristote m'a rappelé combien cette notion était importante : un entrepreneur doit avoir du courage pour avoir de l'audace.

 

Nous sommes tous d'accord : lorsque l'on doit embaucher quelqu'un, on souhaite qu'il soit entreprenant, dynamique, et, terme que je déteste car il est galvaudé et servi à toutes les sauces "proactif"...

 

 

Mais dans notre société où la plupart des chefs d'entreprises recherchent les meilleurs moutons (moins péjorativement qualifiés de "clones" généralement) plutôt que les meilleurs collaborateurs, je me suis demandé pourquoi, finalement, ceux qui étaient courageux et audacieux avaient tendance à le taire.

 

Où se trouve dans un CV la référence au courage ? Dans les expériences, il peut transparaître des éléments, jamais ouvertement signalés, mais plutôt laissés "à la discrétion" du recruteur : c'est par exemple le cas lorsque l'on travaillait dans une grande banque (sous entendu "protégé") et que l'on décide de rejoindre une petite structure entrepreneuriale (un fonds qui se crée ou une petite société de gestion). Après les "mais vous êtes fou !" des proches, on aura le droit à un "vous avez pris des risques !" des recruteurs (grands cabinets), ou bien un "c'était courageux !" (petits cabinets indépendants).

 

Lorsque l'on dit à un candidat "c'était courageux" ou "audacieux", celui-ci s'empresse généralement de répondre par la négative. Etonnant, non ? On a généralement le droit à un "non, pas tant que cela..." et notre candidat d'exposer les raisons qui réduisent la logique du courage dans la position qui a été prise. Comme si, amoindrir l'effet "courage" devait être perçu comme positif par le recruteur.

 

Et pourtant ! A mon avis, c'est bien de cela dont on a besoin. On a besoin d'un collaborateur qui challenge les idées, qui ose s'affirmer et exprimer ses points de vue, présenter ses solutions, ne serait-ce que pour nous faire réfléchir en tant que dirigeant, et argumenter du pourquoi nous appliquons telle ou telle stratégie. Cela pourra occasionnellement servir dans un contexte commercial où le "parce que c'est comme cela et parce que c'est moi le boss" ne sera plus d'aucune utilité.

 

 

Alors pourquoi ? Pourquoi ne parle-t-on jamais du courage dans les qualités premières que doit avoir un candidat ? Est-ce un mal culturel franco français ? Je ne crois pas. Je n'en ai que rarement vu fait mention sur des définitions de postes anglaises ou américaines. C'est en outre assez surprenant dans la mesure où nous sommes généralement perçus hors de nos frontières comme des fâts, gonflés d'orgueuil, et toujours prêts à nous vanter de qualités que nous n'avons pas. Et dans nos actes de candidatures ou nos recrutement, nous serions atteints d'une espèce de pudeur maladive nous empêchant de faire référence au courage.

 

 

Certes l'un des recruteurs les plus actifs d'un point de vue communication y fait toujours référence de manière implicite : l'armée. Mais c'est bien parce que cela est une qualité inhérente au métier. Et bien, dans les autres secteurs aussi. La finance par exemple nécessite des personnes audacieuses. Certains investissements doivent être tranchés et provoquent une montée d'adrénaline simlaire à celle générée par le combat militaire, la montée sur un ring face à Tyson, le départ d'une descente de piste olympique à ski, le saut d'un avion en marche, ou d'aller plaquer Jonah Lomu lancé à pleine vitesse lorsque l'on fait 30kgs de moins...

 

 

Sur le CV les signes de la mention de courage se perçoivent sur la partie "hobbies" également... Triathlon sera plus significatif que joueur de belote. Encore faut-il, pour qu'elles soient utiles, que ces mentions reflètent un réel niveau ou une réelle pratique. Bien souvent, les candidats servent sur leurs CV les classiques "tennis, natation" à côté des non moins célèbres "cinema, lectures, sorties". Personnellement, je préfère voir une mention d'un sport avec un réel niveau ou une réelle pratique, plutôt qu'un listing de sports qui ont un jour été pratiqués dans la vie, au collège, en cours de sport... Un joueur de bridge classé et qui fait des tournois régulièrement a plus d'importance pour moi qu'une mention football jetée en pâture en fin de CV (au hasard ? comme cela on risque peu de se tromper et on ne ment pas car on a un jour, tous, joué au football) .

 

 

Le courage est synonyme d'abnégation, de refus du renoncement, d'une capacité à aller puiser dans ses plus profondes ressources, de dépassement et de maîtrise de soi (et oui, un courageux maîtrise sa peur : pas de courage et c'est la panique qui prend le dessus : panique qui paralyse ou fait fuir). Et dans toutes les figures de la société, il y a toujours le mot courage : courage politique, courageux sportifs, courageux soldats, courageux entrepreneurs, courageux ouvriers... Le courage semble donc bien avoir une vertu reconnue socialement, et pourtant, nous n'y faisons jamais référence dans nos recrutements...

 

En entreprise aussi, nous avons besoin de collaborateurs courageux et talentueux. Si "l'homme sage est celui qui connaît ses limites", le courageux est celui qui peut avoir la curiosité d'aller les tester... Cela s'applique aussi aux recruteurs et aux dirigeants d'entreprise qui souhaitent embaucher différemment. 

 

Jérôme Nessi

Fondateur SUPLINKS

 



23/06/2012
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